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Le Francophone.
3 juin 2010

Empoignades autour de deux sièges permanents au Conseil de sécurité pour le continent africain : les chefs d’Etat à couteaux tir

ACTUALITES AFRICAINES

Empoignades autour de deux sièges permanents au Conseil de sécurité pour le continent africain : les chefs d’Etat à couteaux tirés

Par  Le Potentiel

Le 25ème sommet France-Afrique, tenu du 31 mai au 1er juin 2010, à Nice, a vécu. Coïncidant avec la célébration des cinquante (50) ans de l’accession de la quasi-totalité des Etats présents à la souveraineté internationale, il était placé sous le signe du «renouveau». C’est donc de bon ton qu’il a servi de prétexte au président français, Nicolas Sarkozy, de faire un vibrant plaidoyer pour une présence permanente de l’Afrique, avec droit de Veto, au sein de cette institution onusienne.

Ce qui a ravivé les divergences congénitales d’un continent qui a offert au dictionnaire, au moment du soleil des indépendances, un triste mot : balkanisation. Pourtant, il aurait suffi qu’un consensus se dégage pour que ce continent ait de réelles chances de peser dans la marche du monde.

Ne disposant, au sein du Conseil de sécurité, que de trois sièges non permanents, l’Afrique avait adopté, en 2005, une position commune en réclamant deux sièges permanents avec droit de Veto et au moins deux sièges permanents supplémentaires. Mais aucun compromis n’a été trouvé, depuis lors, entre ceux qu’il est convenu d’appeler les «poids lourds» (Égypte, Afrique du Sud, Nigeria, Algérie…) qui convoitent les places. Sans parler des «petits poucets» - à l’instar du Sénégal, du Maroc, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun … - qui entendent défendre crânement leurs chances dans ce qui ressemble fort à un combat entre David et Goliath. Quid des clivages, entre pays francophones et anglophones, qui sont plus que jamais vivaces ? Si on y ajoute les conflits larvés entre certains Etats, qui trouveront difficilement ce qu’on pourrait qualifier de «compromis historique», il va de soi que ce n’est pas demain la veille que l’Afrique prendra part, de façon effective, au fameux concert des Nations.

SURSAUT D’ORGUEIL ?

La preuve, une réunion houleuse de six tours d’horloge s’est déroulée, dimanche, à Nice, entre le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et ses homologues africains. «On ne peut pas dire qu’il faut associer étroitement l’Afrique au traitement des grands sujets qui touchent à la paix, à la sécurité, à l’équilibre du monde, et ne pas en tirer les conséquences», a répété Nicolas Sarkozy en qualifiant, une nouvelle fois, d’«anormal que l’Afrique ne compte aucun membre au Conseil de sécurité».

Au sein de ce Conseil, l’Afrique ne «peut pas continuer à être la cinquième roue de la charrette», lui a fait écho, lundi sur France Info, le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso. Certains très remontés, comme le représentant de l’Afrique du Sud, ont réfuté le projet «intérimaire» désormais proposé par la France pour tenter de faire avancer la réforme. Cette initiative prévoit la création d’un statut intermédiaire entre permanents et non-permanents, avec de nouveaux membres désignés pour dix ans sans droit de Veto, préfigurant un Conseil élargi.

«Il ne s’agit pas de décider à la place des Africains, mais d’essayer de réengager le débat», affirme-t-on dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, pour calmer le jeu. Le sujet a été remis sur la table, lundi, lors du déjeuner entre le président français et son homologue sud-africain, Jacob Zuma, qui est resté sur sa réserve. Nicolas Sarkozy s’est engagé à prendre des initiatives l’an prochain durant la présidence française du G8 et du G20.

DEBATS TENDUS

La tâche s’annonce rude. Au grand dam de Nicolas Sarkozy qui, dit-on, voulait «imposer» l’Afrique au Conseil de sécurité. Et le chef de l’Etat français d’argumenter, avec force détails, sa position : «Sur l’échec de l’Afrique, se construira le désastre de l’Europe ; et sur le succès de l’Afrique, se construira la croissance, la paix et la stabilité de l’Europe, et pas simplement sur la question de l’immigration, mais sur toutes les autres questions.»

Le patron de l’Elysée plaidait, à nouveau, pour l’entrée de l’Afrique parmi les membres permanents du Conseil de sécurité qui réunit, actuellement, la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie. «C’est une anomalie, c’est une injustice, c’est une source de déséquilibre.

Ensemble, la France, l’Afrique et l’Europe, nous allons remédier à cet état de fait», a martelé le Président Sarkozy. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que les États-Unis sont foncièrement opposés à un élargissement du Conseil de sécurité. Une position qu’ils avaient exprimée, ouvertement, le 12 juillet 2005, à l’Assemblée générale de l’Onu qui débattait de la réforme du Conseil de sécurité. C’était suite à la proposition du G4 (Allemagne, Brésil, Inde et Japon) visant à élargir, contre 15 actuellement, le Conseil de sécurité à 25 membres.

VETO DES ETATS-UNIS

«Les Etats-Unis ne pensent pas qu’une proposition pour élargir le Conseil de sécurité devrait être votée pour l’heure», avait souligné, à l’époque, la représentante des États-Unis. Cependant, les Etats-Unis avaient reconnu le droit du Japon à prétendre à un siège permanent au sein du Conseil de sécurité.

Si plusieurs délégations, dont les 25 coauteurs de la proposition du G4 avaient répondu favorablement à l’appel du secrétaire général visant à ce que l’Assemblée générale se prononce sur la réforme du Conseil, de nombreuses autres voix, dont celles des États-Unis, de la Fédération de Russie, après la Chine, ont mis en garde contre toute «décision prématurée». Aussi, les Etats-Unis estimaient que la recherche d’un consensus sur la question devrait être basée sur des critères comme l’économie, la population, la puissance militaire, l’engagement en faveur des droits de l’Homme et contre le terrorisme, l’équilibre géographique et la capacité à contribuer financièrement à l’Onu.

En somme, les Etats-Unis craignent qu’un élargissement du Conseil n’affecte son efficacité. Curieuse approche de la démocratie, a ironisé le représentant de l’Allemagne, aux côtés de celui de l’Inde qui a argué, avec son homologue, que le principe «un membre, une voix» est le signe plus tangible de l’égalité souveraine entre les États. Hélas, ainsi va le monde, avec ses principes à géométrie variable

L’OBSERVATEUR (SN)

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