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Le Francophone.
27 mai 2008

Karel boudé par les siens.

Louis Michel désapprouve les propos de Karel De Gucht

Le dossier congolais divise désormais la classe politique belge et met à nu les divergences politiques entre les Flamands et les Wallons. Invité de la presse belge dans la matinée d’hier mardi, Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, ancien ministre belge des Affaires étrangères, n’a pas été tendre à l’endroit de Karel De Gucht, actuel ministre belge des Affaires étrangères. Il a qualifié ses dernières déclarations qui ont mis le feu aux poudres, dans le cadre des relations belgo-congolaises, de « populistes », et l’a invité à «  être utile » à la Belgique.

La décision du gouvernement belge est tombée. Réuni en cabinet de crise lundi soir après avoir reçu la protestation officielle du gouvernement congolais, le cabinet belge a chargé le Premier ministre, Yves Leterme, à prendre contact avec le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, afin de rétablir le dialogue entre les deux gouvernements. Le chef du gouvernement belge est encouragé dans cette voix par de nombreuses personnalités belges. Notamment les libéraux du MR, avec Charles Michel, ministre belge à la Coopération et au Développement.

Ce dernier a qualifié le discours de Karel De Gucht de « strictement unilatéral et sa position est strictement accusatrice. Je ne participerai pas à une faute historique qui serait celle de la rupture. Si c’est l’agenda, si on espère toucher à la coopération de la Belgique avec le Congo, alors ce sera sans moi et sans plusieurs membres du gouvernement », a-t-il fermement déclaré.

Auparavant, Louis Michel, Commissaire européen au Développement et à l’Aide humanitaire, a reconnu que dans cette crise, « la Belgique est un peu isolée ». Mais il s’est empressé de faire observer qu’il n’y a aucune raison de rompre les relations avec le Congo, mais de reconnaître qu’elles peuvent être difficiles.

A la question de savoir si la Belgique a le  « droit » de veiller sur tout ce qui se passe au Congo, Louis Michel a souligné que «  ce droit peut s’exercer, comme à tous les pays avec qui la Belgique a établi des liens de coopération, sur fond des relations politiques. Le faire discrètement sans déferlement diplomatique. Il faut donc parler avec les leaders congolais et surtout les écouter ».

Louis Michel se départit ainsi de l’attitude de son successeur, Karel De Gucht : « Le Congo est un pays complexe. Il y a lieu de saluer ce qui a été fait par les Congolais et leurs dirigeants. Tout est à reconstruire. Un travail colossal qui est parti d’un corps électoral qui a légitimé un président élu, dispose désormais des institutions démocratiques ; une Assemblée nationale, un Sénat. Il faut par conséquent établir un dialogue avec les dirigeants de ce pays et les aider à bâtir un Etat. La tâche actuelle est de reconstruire un Etat et il ne s’agit point d’une tâche aisée ».

Droit à l’erreur

Louis Michel condamne ainsi l’attitude de Karel De Gucht qui s’appuie sur la manière forte, sur fond médiatique avec des « phrases assassines à répétition. Je peux me permettre de dire que je suis un homme heureux pour avoir fait beaucoup, avec le concours du gouvernement belge, pour ce pays. Je continue toujours à le faire, mais discrètement, car les Congolais ont droit à l’erreur. Nous avons fait oeuvre utile et pendant toute la transition en portant à bras-le-corps le Congo ».

Bien plus, Louis Michel reconnaît que la démocratie est bel et bien en marche en RDC. « C’est comme dans tous les pays, il faut améliorer. La Belgique est dans la même situation. Il faut donner le temps aux Congolais pour parachever cette œuvre. Moi aussi je fais passer les messages. Mais Karel De Gucht, en tant qu’avocat, sait qu’il y a présomption d’innocence. Ses accusations sont-elles fondées et pourquoi les jeter comme ça ? Je ne participerai pas à cette œuvre de destruction, de jeter l’opprobre. Mon obsession, c’est la population congolaise qui a tout fait pour que les élections soient une réussite. Les Congolais ont le droit de critiquer leurs dirigeants. Mais la Belgique ne doit pas mener à la rupture. Il faut reconstruire cet Etat. Il n’y a pas un seul pays au monde qui se permet de telles critiques à l’endroit d’un autre pays et s’exprimer de la façon qui vient d’être faite ».

Ce qui a amené Louis Michel à s’attarder sur l’aide de la Belgique au Congo.  « Il ne faut pas faire croire que l’argent va dans la caisse du gouvernement congolais comme appui budgétaire. Les 200 millions d’euros sont versés aux ONG et au système des Nations unies pour financer des projets de développement. On ne doit donc pas prendre le risque de supprimer ces moyens ».

Coopération d’Etat souverain à Etat souverain

Louis Michel précise qu’il ne s’agit pas d’être complaisant. Et que Karel De Gucht doit choisir entre « être utile ou populiste », car son langage a une connotation de mépris en s’appuyant sur les médias, précise-t-il. Il rejoint ainsi le sénateur Henri - Thomas Lokondo qui qualifiait les propos de Karel De Gucht « de graves et d’irrationnels ».

Partant, Louis Michel encourage le Premier ministre Yves Leterme à contacter le président Kabila pour réaffirmer la volonté de la Belgique de poursuivre « la coopération d’Etat souverain à Etat souverain  et continuer à soutenir les différentes réformes dans tous les domaines : Enseignement, Justice, Armée, Police… »

Il a enfin balayé d’un revers de la main tous les commentaires sur la Convention sino-congolaise. Bien au contraire, la RDC devant le 5 chantiers qui constituent, selon Louis Michel, les « 5 fonctions d’un Etat », et que la RDC n’ayant pas l’argent pour le moment a « le  droit souverain de mettre en concurrence les différents accords des partenaires de la RDC. Si c’est le prix à payer, pourquoi pas le faire ? »

Charles Michel : « Karel De Gucht a une position sans nuance »

Enfonçant le clou, Charles Michel, ministre belge à la Coopération et au Développement s’indigne des « positions sans nuance » de Karel De Gucht jugées « d’unilatérales et accusatrices ». Il menace même de quitter le gouvernement, avec lui d’autres ministres, des Libéraux certainement. Ce qui affecterait ce gouvernement belge de coalition.

« Je demande que l‘on cesse de jeter de l’huile sur le feu. Ensuite, je le dis clairement : pas toucher à la coopération au développement de la Belgique avec le Congo. Nous avons un accord de gouvernement à gouvernement qui stipule que le Congo est le principal pays destinataire de la coopération belge. On est à 170 millions d’euros par an de coopération au développement. Il y a 4.500 Belges qui vivent au Congo dont 3.000 à Kinshasa et 30.000 personnes sont d’origine congolaise en Belgique. Alors, il y a deux stratégies possibles : la complaisance béate et la stratégie du mégaphone et de la rupture. Je ne m’inscris ni dans l’un ni dans l’autre. Moi je plaide pour une stratégie de partenariat responsable. C’est le point de vue du gouvernement belge. Je devine que la persistance d’un discours unilatéral qui stigmatise les mauvais cotés sans mettre en péril les avancées réelles, notamment le fait qu’un gouvernement est démocratiquement élu au Congo, agace les autorités congolaises. Le discours de Karel De Gucht est strictement unilatéral et sa position est strictement accusatrice. La politique internationale mérite la nuance ; la politique internationale, ce n’est pas un café de commerce. Je ne participerai pas à une faute historique qui serait celle de la rupture. Si c’est l’agenda, si on espère toucher à la coopération de la Belgique avec le Congo, alors ce sera sans moi et sans plusieurs membres du gouvernement », a conclu le ministre Charles Michel.

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